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Pour ceux qui voudraient, comme j’ai pu le faire, retourner aux sources, c’est-à-dire aux textes originaux, vous trouverez ci-dessous de très larges extraits du « Timée » et du « Critias », traduits, bien entendu.
De nombreuses traductions ont été faites, chacune comportant des divergences infimes avec les autres. J’ai opté pour la traduction la plus récente qui est tirée de la revue « Actualité de l’Histoire Mystérieuse » en son numéro 21, de novembre 1996, intitulé « ET CE FUT L’ATLANTIDE »…
Dans les extraits non reproduits ici, on trouve de
très nombreux éléments de détails supplémentaires
qui, chacun à leur manière, viennent encore et encore confirmer
ce qui est évident pour qui connaît la Crète actuelle,
les traditions véhiculées oralement par les autochtones,
pour qui a pu intégrer ce qu’était réellement la culture
minoenne (dégagée des phantasmes du début du XXème
siècle) et qui a pu se faire une idée de la culture proto-minoenne
: tout converge vers la même EVIDENCE. La
Crète est bien un vestige de l’Atlantide .
CE QUE DIT PLATON
I - LE TIMEE :
« Dans ce temps-là, on pouvait passer à travers cette mer. Il y avait une île devant ce détroit que vous appelez, vous, les Colonnes d’Hercule. Cette île était plus étendue que le Lybie et l’Asie réunies. Et les voyageurs de ce temps-là pouvaient passer de cette île sur d’autres îles et de ces îles pouvaient passer sur la terre ferme située tout autour de cette mer. De sorte que, à partir du détroit que nous avons mentionné, il n’y a rien de plus qu’un golfe ayant une entrée étroite et, de l’autre côté, il y a cette véritable mer et la terre qui l’entoure , laquelle peut être réellement appelée , dans le sens vrai du mot, la terre ferme.
Or, dans cette île Atlantide, des rois avaient
formé un empire grand et merveilleux. Cet empire était maître
de l'île toute entière et aussi de beaucoup d'autres îles
et de portions du continent. En outre, de notre côté, il tenait
la Libye (Afrique du nord) jusqu'à l'Égypte et l'Europe jusqu'à
la Tyrrhénie (Italie).
Or, cette puissance, ayant une fois concentré
toutes ses forces entreprit, d'un seul élan, d'asservir votre territoire
(la Grèce) et le nôtre (l'Égypte) et tous ceux qui
se trouvent de ce côté-ci du détroit.
… Et l’île d’Atlantide s’abîma dans la mer
C'est alors, ô Solon, que la puissance de votre
cité fit éclater aux yeux de tous son héroïsme
et son énergie. Car, elle l'a emporté sur toutes les autres
par la force d'âme et par l'art militaire.
D'abord, à la tête des Hellènes,
puis seule par nécessité, abandonnée par les autres,
parvenue aux périls suprêmes, elle vainquit les envahisseurs.
Mais, dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements
de terre effroyables et des cataclysmes.
Dans l'espace d'un seul jour et d'une nuit terribles,
toute votre armée fut engloutie d'un seul coup sous la terre et,
de même, l'île d'Atlantide s'abîma dans la mer et disparut.
Voila pourquoi, aujourd'hui encore, cet océan de là-bas est
difficile et inexplorable par l'obstacle des fonds vaseux et très
bas que l'île, en s'engloutissant a déposés. »
II . CRITIAS
« Il y a en tout neuf mille ans que la guerre
éclata entre les peuples qui habitaient au-delà des Colonnes
d'Hercule et tout ceux qui habitaient à l'intérieur. C'est
cette guerre qu'il nous faut raconter. . ..
De ce côté, cette cité (Athènes
en avait la conduite). De l'autre commandaient les Rois de l'île
Atlantide. . .. Aujourd'hui qu'elle a été submergée
par des tremblements de terre, il n'en reste plus qu'un fond vaseux infranchissable,
obstacle difficile pour les navigateurs qui cinglent d'ici vers la grande
mer.... Or les dieux se sont partagés la Terre entière par
régions. Partage sans disputes.... C'est ainsi que Poséidon,
ayant reçu en partage l'île Atlantide, installa en certain
lieu de cette île les enfants qu'il avait engendrés d'une
femme mortelle.
Les amours de Clito et de Poseïdon
Près de la mer, mais à hauteur du centre
de l'île toute entière, il y avait une plaine, la plus belle
dit-on de toutes les plaines et la plus fertile. Proche de la plaine et
distante de son milieu d'environ cinquante stades (un stade mesure 177,60
m), il y avait une montagne partout d'altitude médiocre.
Sur cette montagne habitait un des hommes qui, dans
ce pays-là, étaient à l'origine nés de la Terre.
Son nom était Evenor et il vivait avec une femme, Leucippe. Ils
donnèrent ainsi naissance à une fille unique Clito. La jeune
fille avait déjà l'âge nubile quand son père
et sa mère moururent.
Poséidon la posséda et s'unit à
elle. Or la hauteur sur laquelle elle vivait, le dieu la fortifia et l'isola
en cercles. A cet effet, il fit des enceintes (circulaires) de meret de
terre. Elles étaient infranchissables aux hommes car il n'y avait
alors ni vaisseaux, ni navigation. . ..
Là, il engendra et éleva cinq générations
d'enfants mâles et jumeaux. Il divisa toute l'île Atlantide
en dix parties.
Au premier né des plus vieux jumeaux, il
attribua la demeure de sa mère et le lot de terre alentour qui était
le plus vaste et le meilleur. Il l'établit en qualité de
roi au-dessus de tous les autres (ses neuf frères). Il fit de ceux-ci
des princes vassaux et à chacun d'eux, il donna l'autorité
sur un grand nombre d'hommes et sur un vaste territoire....
Le nom du premier roi, alors, fut Atlas. . ..
La race nombreuse et chargée d’honneurs d’Atlas
Ainsi naquit d'Atlas toute une race nombreuse et
chargée d'honneurs. Toujours le plus vieux était roi et il
transmettait sa royauté à l'aîné de ses enfants.
De la sorte ils conservèrent le pouvoir pendant de nombreuses générations.
. ..
Ils avaient acquis des richesses en telle abondance
que jamais sans doute avant eux, nulle maison royale n'en posséda
de semblables et que nulle n'en possédera aisément de telles
à l'avenir.
Beaucoup de ressources leur venaient du dehors du
fait de leur empire mais la plus grande part de celles qui sont nécessaires
à la vie, l'île les leur fournissait. D'abord tous les métaux
durs ou malléables (cuivre, étain, plomb) que l'on peut extraire
des mines. . ..
Pareillement tout ce que la forêt peut donner
de matériaux propres au travail des charpentiers, l'île les
fournissait avec prodigalité. De même, elle nourrissait avec
suffisance tous les animaux domestiques et sauvages. . ..
Une île paradisiaque riche en fruits
En outre, toutes les essences aromatiques, racines,
pousses ou bois des arbres, résines que distillent des fleurs ou
des fruits, la terre alors les produisait et les faisait prospérer.
Elle donnait encore et les fruits cultivés et les graisses qui ont
été faites pour nous nourrir et dont nous tirons les farines.
. ..
Oui tous ces fruits-là, l'île, que
le Soleil éclairait alors, les donnait vigoureux, superbes, magnifiques,
en quantité inépuisable. Ainsi recueillant sur leur sol toutes
ces richesses, les habitants de l'Atlantide construisirent les temples,
les palais des rois, les ports, les bassins de radoub et ils embellirent
aussi tout le reste du pays....
L'île centrale, les enceintes et le pont,
ils les entourèrent d'un mur de pierre circulaire... Le territoire
tout entier était élevé et il dominait la mer à
pic. Mais tout le terrain autour de la ville était plat.
Cette plaine entourait la ville et elle était
elle-même encerclée de montagnes qui se prolongeaient jusqu'à
la mer. Elle était plate, de niveau uniforme, oblongue dans l'ensemble.
Elle mesurait sur les côtés 3000 stades et 2000 depuis la
mer qui se trouvait au bas. Cette région, dans toute l'île,
était orientée face au sud et à l'abri des vents du
nord. Or cette plaine, à la fois par l'action de la nature et par
l’œuvre de beaucoup de rois, pendant une durée très longue,
avait été aménagée comme suit.
Un réseau de fossés et de canaux
Elle avait la forme d'un quadrilatère à
côtés presque rectilignes.... Là ou les côtés
s'écartaient de la ligne droite on avait corrigé cette irrégularité
en creusant le fossé continu qui entourait la plaine.
Quant à la profondeur, à la largeur
et au développement de ce fossé, ce qu'on en dit est difficile
à croire et qu'un ouvrage fait de main d'homme ait pu avoir, par
comparaison aux autres travaux de ce genre, de telles dimensions.
Pourtant il nous faut répéter ce que
nous avons ouï dire. Le fossé fut creusé à un
plethre (29,6 m) de profondeur. Sa largeur était partout d'un stade
et, comme il était creusé autour de la plaine toute entière,
sa longueur était de 10,000 stades (1770 kilomètres).
Il recevait les cours d'eau qui descendaient des
montagnes, faisait le tour de la plaine, revenait de part et d'autre vers
la ville et, de là, allait se vider dans la mer. Depuis la partie
haute de ce fossé, des canaux rectilignes, larges d'environ 100
pieds (un pied = 0,296 m) étaient découpés dans la
plaine, puis allaient rejoindre le fossé près de la mer.
Chacun d'eux était distant des autres de 100 stades....
Notez que les habitants recueillaient deux fois
l'an les produits de la terre. L'hiver ils utilisaient les eaux du ciel.
L'été celle que donnait la terre en dirigeant leurs flots
hors des canaux. . ..
En ce qui touche le nombre d'hommes de la plaine
bons pour la guerre, il avait été fixé que chaque
district fournirait un chef de détachement.
L'organisation militaire de la Cité Royale
La grandeur du district était de 10 stades
sur 10 et il y en avait en tout 60,000. Quant aux habitants des montagnes
et du reste du pays, ils étaient, disait-on, en nombre immense et
tous, suivant les emplacements et villages, avaient été répartis
entre les districts et sous le commandement de leurs chefs.
Il était prescrit que chaque détachement
fournirait pour la guerre un sixième de char de combat jusqu'à
concurrence de 10,000 chars, 2 chevaux et leurs cavaliers. En outre, un
attelage de 2 chevaux, sans char, comportant un combattant monté
chargé de conduire les 2 chevaux, 2 hoplites (fantassins lourdement
armés), 2 archers, 2 frondeurs, 3 fantassins légers armés
de pierriers, 3 autres armés de javelots et enfin 4 marins pour
former aucomplet les équipages de 1200 navires.
Telle était l'organisation militaire de la
Cité Royale.
Des rois selon la loi de Poséïdon
Pour les neuf autres provinces, chacune avait la
sienne et il faudrait longtemps pour l'expliquer. En ce qui concerne l'autorité
et les charges publiques, elles furent, dès le début, organisées
de la façon que voici.
Des dix rois chacun exerçait le pouvoir dans
la partie qui lui revenait et, dans sa cité, commandait aux citoyens,
faisant la plupart des lois, pouvait châtier et mettre à mort
qui il voulait. Mais l'autorité des rois les uns sur les autres,
et leurs rapports, étaient réglés d'après les
décrets de Poséidon. La tradition la leur prescrivait, ainsi
qu'une inscription gravée par les premiers rois sur une colonne
d'orichalque qui se trouvait au centre de l'île, dans le temple de
Poséidon.
Les rois se réunissaient là périodiquement,
tantôt tous les 5, tantôt tous les 6 ans, faisant alterner
régulièrement les années paires et les années
impaires dans cette réunion.
Le sacrifice et le serment du taureau sacré
Ils délibéraient sur les affaires communes.
Ils décidaient si quelqu'un d'entre eux avait commis quelques infractions
et ils jugeaient. . ..
Lorsqu'ils devaient donner la justice, ils se donnaient
d'abord mutuellement leur foi en la forme que voici. On lâchait des
taureaux dans l'enclos sacré de Poséidon. Les dix rois, restés
seuls, après avoir prié le dieu de leur faire capturer la
victime qui leur serait agréable, se mettaient en chasse, sans armes
de fer, avec seulement des épieux de bois et des filets.
Celui des taureaux qu'ils prenaient, ils le menaient
à la colonne et l'égorgeaient à son sommet, comme
il était prescrit. Sur la colonne, outre les lois, il y avait, gravé,
le texte d'un serment qui proférait les anathèmes les plus
terribles contre qui les violerait.
Après donc qu'ils avaient effectué
le sacrifice conformément à leurs lois et consacré
toutes les parties du taureau, ils remplissaient de sang un cratère
et aspergeaient d'un caillot de ce sang chacun d'eux. Le reste, ils le
mettaient au feu, après avoir fait des purifications tout autour
de la colonne.
Ensuite, puisant du sang avec des coupes d'or dans
le cratère et le versant dans le feu, ils faisaient serment de juger
en conformité avec les lois inscrites sur la colonne, de châtier
quiconque les aurait violées antérieurement, de n'enfreindre
de plein gré, à l'avenir, nulle des formules de l'inscription,
de ne commander et de n'obéir que conformément aux lois de
leur père.
Chacun prenait cet engagement pour lui-même
et toute sa descendance. Puis, il buvait le sang et remettait la coupe
en ex-voto dans le sanctuaire du dieu. Après quoi il soupait et
vaquait aux autres occupations nécessaires.
Quand l'obscurité était venue et que
le feu des sacrifices était refroidi, tous revêtaient de très
belles robes d'azur sombre et ils s'asseyaient à terre, dans les
cendres de leur sacrifice sacramentaire.
Des lois d'entraide et d'entente
Alors, dans la nuit, après avoir éteint
toutes les lumières autour du sanctuaire, ils jugeaient et subissaient
le jugement.... Il y avait, de plus, beaucoup d'autres lois spéciales
sur les attributions propres de chacun des rois.
Les plus notables étaient :
- ne point prendre les armes les uns contre les autres,
- s'entre secourir tous si l'un d'eux avait tenté, dans une
cité quelconque, de chasser une des races royales,
- délibérer en commun comme leurs ancêtres,
- échanger leurs avis au sujet de la guerre et des autres affaires
en laissant toujours l'hégémonie à la race d'Atlas.
Un roi n'était pas maître de donner
la mort à aucun de ceux de sa race si tel n'était pas l'avis
de plus de la moitié des dix rois. Or, cette puissance, d'une nature
telle et si grande, qui existait alors dans ce pays, le dieu la dirigea
lui-même contre nos régions pour quelque raison du genre que
voici.
De la vertu et de la sagesse divines...
Pendant de nombreuses générations et
tant que domina en eux la nature du dieu, les rois écoutèrent
les lois et demeurèrent attachés au principe divin auquel
ils étaient apparentés.
Leurs pensées étaient vraies et grandes
en tout. Ils usaient de bonté et aussi de jugement en présence
des événements qui survenaient et les uns à l'égard
des autres. Aussi, dédaigneux de toutes choses, hors la vertu, faisaient-ils
peu de cas de leurs biens. Ils portaient comme un fardeau la masse de leur
or et de leurs autres richesses, ne se laissaient pas griser par l'excès
de leur fortune, ne perdaient pas la maîtrise d'eux-mêmes et
marchaient droit.
Avec une clairvoyance aiguë et lucide, ils
voyaient bien que tous ces avantages s'accroissent par l'affection réciproque
unie à la vertu, et, qu'au contraire, le zèle excessif pour
ces biens et l'estime qu'on en a font perdre ces biens eux-mêmes
et que la vertu périt aussi avec eux....
…A l’avidité et à l’indécence humaines
Mais quand l'élément divin vint à
diminuer en eux, par l'effet du croisement avec de nombreux éléments
mortels, quand domina le caractère humain, alors, incapables désormais
de supporter leur prospérité présente, ils tombèrent
dans l'indécence.
Aux hommes clairvoyants, ils apparurent laids. Au contraire, aux yeux
de qui ne sait pas discerner quel genre de vie contribue véritablement
au bonheur, c'est alors qu'ils semblèrent véritablement beaux
et bienheureux, tout gonflés qu'ils étaient d'injuste avidité
et puissance.
Et le dieu des dieux, Zeus, qui règne par
les lois et qui, certes, avait le pouvoir de connaître tous ces faits,
comprit quelles dispositions misérables prenait cette race d'un
caractère primitif si excellent. Il voulut leur appliquer un châtiment,
afin de les faire réfléchir et de les ramener à plus
de modération. »